Il avait beaucoup été question du départ massif d’habitants de la Nouvelle-Calédonie pendant la dernière décennie. L’incertitude politique, la crise économique, le Covid, la perspective des référendums avaient été les principaux moteurs de cet exode. Dans les commentaires politiques, il était fréquemment cité l’intérêt des indépendantistes au départ d’une partie de la population non-kanak afin d’assurer leur prépondérance. Depuis, le mouvement s’est ralenti, mais la tendance demeure. Les indépendantistes, au pouvoir, sont confrontés à présent aux problèmes de gestion d’une collectivité, dont les hauts et les bas impactent l’ensemble des habitants, y compris celles et ceux favorables à l’indépendance. La réalité économique et sociale, c’est qu’une population est une richesse. La démographie et son évolution sont une donnée fondamentale qui s’impose aux responsables politiques de tout bord.
Dans la dernière analyse de l’Isee, le constat est qu’en 2022, la Nouvelle-Calédonie compte 1 300 habitants de moins qu’en 2021, sous l’effet cumulé du déficit migratoire croissant et du solde naturel qui se réduit continuellement. Mais encore plus grave, “La fe?condite? plus tardive qu’auparavant des femmes de Nouvelle-Cale?donie ne permet plus d’assurer le renouvellement des ge?ne?rations“. En clair, la population de la Nouvelle-Calédonie ne se meurt pas, Dieu merci, mais elle régresse. Cette population étant peu nombreuse, les effets de cette régression seront d’autant plus sensibles.
Les conséquences de l’évolution démographique sont innombrables. Les rendements fiscaux sont évidemment en baisse. Faut-il alors davantage taxer les 40% de contribuables qui paient effectivement l’impôt ? Marché intérieur en baisse, volume de cotisations sociales en diminution, s’ajoutent au poids grandissant des personnes accédant au 3e et au 4e âge. Les équations d’équilibre des régimes de retraite sont là pour rappeler une évidence : si la population active devient moins nombreuses que les retraités, un déséquilibre profond est créé.
Pour ces raisons, les pays neufs – et prospères- gèrent avec attention leur nécessaire immigration. La Nouvelle-Calédonie, incapable aujourd’hui de renouveler ses générations, doit prendre cette thématique en considération. Il est beaucoup question de son attractivité. Quelques ayatollahs de l’indépendance prêchent le repli total sur soi, ce qui signifie la faillite économique et sociale à terme du territoire, ainsi que … sa dépendance de plus en plus grande. Dans ces circonstances, le débat sur la citoyenneté plus ouverte est salutaire. Il est à souhaiter que le Palika et l’UPM s’accordent avec les autonomistes pour que des forces vives puissent s’installer dans des conditions équilibrées. Car réalité, c’est que la Nouvelle-Calédonie n’est même plus capable d’assumer une réelle autonomie, en raison, -notamment mais pas que, évidemment- de sa démographie. Alors, si un jour elle est souhaitée par une majorité des Calédoniens, l’indépendance peut attendre.
